Oiseau incontournable de Maurice, le condé est reconnaissable à l'étrange houpette qu’il porte sur la tête. Originaire d’Asie, il fut introduit dans l’île à la fin du 19e siècle. Il est considéré comme une peste à La Réunion.
“Zozo konde li anvole avek so kongolo lor so la tet”. Les paroles du grand classique du séga “Alouda limonade” de Cyril Labonne sont démonstratives de l’attachement des Mauriciens pour un petit oiseau rigolo au chant mélodieux et au plumage atypique : le condé. Egalement appelé bulbul, l'espèce n’est pas originaire de l'île.
Il y fut introduit vers 1882, sans doute dans les bagages d’un travailleur immigré venu de la grande péninsule. Le condé est en effet originaire du sud-est asiatique. L'espèce est commune dans de nombreux pays, comme en Inde, au Bangladesh, au Népal et en Chine, notamment. Dans certaines régions d’Inde, il est mis en cage pour la beauté de son plumage et son chant cristallin. Les premiers bulbuls de l’ile Maurice furent par conséquent des animaux d’apparat.
L'espèce s’est très rapidement propagée dans l'île, trouvant dans la nature locale un foisonnement de nourriture et un climat proche de ses contrées d’origine. Sa diète est essentiellement composée de fruits et d’insectes. Le condé vit en couple, et ne s'éloigne jamais beaucoup de sa tendre moitié. Cette fidélité sans faille et sa houppette qui lui donne un air sympathique font que les Mauriciens s’y sont vite attachés.
A La Réunion, c’est une autre histoire. L'espèce y aurait été importée illégalement au début des années 1970. Elle y est considérée comme envahissante, et serait en concurrence directe avec certains oiseaux endémiques de l'île. Certains agriculteurs l’accusent également de ravager leurs plantations. Les Réunionnais l’appellent “merle de Maurice” ou “bulbul orphée”.
Cardinal. Quel surnom plus adapté pour ce petit oiseau dont le mâle est coiffé d’une capuche rouge à la période des amours ? Le cardinal de Maurice, de son nom scientifique Foudia Rubia, est un passereau endémique de Maurice, l’une des rares espèces originaires de l'île qui ait survécu jusqu'à ce jour. Avec la crécerelle, le pigeon des mares et la grosse cateau verte, il fait partie des espèces d’oiseaux mauriciens les plus menacés. Il a en effet failli disparaître, victime de la déforestation, des rats et d’autres nuisibles apportés par l’homme. En 2003, on comptait un peu plus de 200 cardinaux de Maurice dans l'île, alors qu’il y en avait plus de 700 dans les forêts mauriciennes 30 ans auparavant.
Le cardinal mauricien a aussi peut-être souffert de la compétition de son cousin le cardinal de Madagascar, ou foudi rouge. On ne sait si l’introduction de cette espèce venant de la Grande ile est due à l’homme ou si elle est naturelle, mais une chose est certaine: le cardinal de Madagascar, qui fréquente plus volontiers les zones déboisées et habitées, est aujourd’hui beaucoup plus commun que le cardinal de Maurice. Les deux espèces sont d’apparence très proches, et il n’est pas rare de les confondre.
Elles présentent cependant plusieurs signes distinctifs. Le cardinal de Maurice est légèrement plus gros que son cousin malgache, qui est très svelte. Le plumage rouge que le mâle arbore à la période des amours est aussi moins développé que chez le foudi rouge, dont la quasi-totalité du corps est coloré. Les femelles des deux espèces sont de couleurs plus ternes, il est donc plus difficile de les distinguer si ce n’est grâce à la taille du bec. Celui-ci est en effet plus fin chez le cardinal de Maurice.
Le cardinal mâle est extrêmement territorial et peut être agressif envers ses éventuels compétiteurs, que ce soit pour la nourriture ou pour la reproduction. On voit d’ailleurs souvent certains individus s’attaquer avec vigueur à leur reflet dans les rétroviseurs des voitures ou sur les vitres des fenêtres. Après la période des amours, qui dure d’octobre à mai, le mâle perd graduellement sa coloration rouge vif, avant de muer à nouveau l'année suivante. Le cardinal se nourrit de fruits et d’insectes. On le surnomme d’ailleurs “zozo banane” car il raffole des bananes et il n'était pas rare d’en voir perchés sur les bananiers autrefois.
Aujourd’hui, l'espèce est toujours menacée, mais elle bénéficie d’un programme de réintroduction instauré par la Mauritian Wildlife Foundation (MWF). Il en existe un peu plus de 500 individus aujourd’hui à Maurice, dont la moitié vit sur l'île aux Aigrettes. La plupart de ces animaux sont nés et ont été élevés en captivité par la MWF avant d'être réintroduits dans la nature. On peut aussi en croiser dans les forêts des gorges de la Rivière-Noire ou de Bassin-Blanc.