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Eric M.

Amma Tookay Kovil !

Dernière mise à jour : 13 déc. 2019


A Camp-Diable, dans le Sud de l'île, il est un rituel qui précède chaque année le début de la coupe. C'est ainsi que durant la première semaine de juin, une prière spéciale est dite à l'intention de tous ceux qui seront à pied d'oeuvre durant cette période.

Mais déjà, bien des jours avant, les dévots, «toutes communautés confondues», affluent au Amma Tookay Kovil. Au milieu de ce champ de cannes, alors que flotte dans l'air une odeur de coco, de banane, de camphre et de bois de santal, ils prient Amma Tookay. D'abord pour «lui demander la permission avant de couper les cannes». Ensuite, pour que sa bénédiction protège tous ceux impliqués dans la coupe des accidents. Et protège les champs des intempéries. Mais ils prient surtout pour que la récolte soit bonne.

L'Amma Tookay Kovil trouve ses origines au dix-neuvième siècle avec l'arrivée des travailleurs engagés. «Ils travaillaient sur la propriété sucrière de Britannia et étaient logés à Riche-Bois, à égale distance entre Britannia et Camp-Diable. Ils ne pouvaient envisager leur vie sans la prière alors la propriété leur a donné un lopin de terre pour construire un temple. Eux-mêmes ont élaboré la statue d'Amma Tookay», explique Rangasamy Ramalingum, président de la Savanne Tamil Benevolent Society. Ça, c'est la version officielle de l'Histoire. Celle propagée par la Savanne Tamil Benevolent Society qui gère le temple.

Mais bien des légendes entourent le temple Amma Tookay. D'aucuns racontent qu'il y a près de 150 ans, alors qu'ils plantaient des boutures de canne à sucre, des employés de la propriété sucrière de Britannia seraient tombés sur une pierre. Une pierre impossible à déloger. Puisqu'aucun de ses ouvriers n'arrivaient à «faire le travail», le propriétaire entreprit de déplacer la pierre en question lui-même. Il n'y arriva pas. La légende veut que par la suite, l'homme subit plusieurs revers dans sa vie personnelle. Et que les habitants de la région commencèrent à prier à cet endroit. Cette légende, les anciens de Riche-Bois et Camp-Diable la connaissent. «Pier la ti ena tro bocou pouvoir. Bane la pane kapav bouz li», soutient Gesava Chengan. Dans sa famille, on vit à Riche-Bois «depuis toujours». Alors, le temple d'Amma Tookay et son histoire, ça l'intéresse. «Inpe lane mo fer resers lor temple la».

Rangasamy Ramalingum n'est pas tout à fait d'accord avec «cette version de l'histoire». Selon lui, il ne s'agissait pas d'une pierre mais bien de la statue d'Amma Tookay. «Le premier temple que les travailleurs engagés ont construit était en bambous et en paille. Il a été ravagé après un cyclone mais la statue est restée là. C'est la statue qu'ils ont essayé de déplacer sans succès». Après lequel cyclone, le camp sucrier a été déplacé à Riche-Bois. Et le temple démoli, abandonné. «Sacrifices» Jusqu'à ce que Narainsamy Thungapen, un planteur de la région, décide de le reconstruire.

Avec l'aide des habitants de la région, il a reconstruit le temple. Cette fois, ils utilisent du bois et des feuilles de tôle. Avec son épouse, il s'en occupe. Après 35 ans, le couple a décidé de confier la gestion du temple à la Savanne Tamil Benevolent Society. Et là, le bois et la tôle ont fait place au béton. Après des années de travaux et un investissement de plus de Rs 5 millions, un temple d'architecture dravidienne est sorti de terre. Vingt-huit ans cette année que la société qui gère le temple organise avant la coupe, une cérémonie nationale. Presque autant d'années que les sacrifices d'animaux ont pris fin. «Ti ene pratik ki zis ene kantite dimoun ti fer. Alors nous y avons mis un terme», dit Rangasamy Ramalingum. Même s'il ne nie pas que ces pratiques ont encore cours dans certaines familles. «Zot fer li kot zot. Pa dan temple». Pas là où «tou dimoun vini». Parce que là où «tou dimoun vini», c'est là où trône la statue vieille de plus de 150 ans d'Amma Tookay. Une statue haute d'environ cinq pieds. Comme cela a toujours été le cas. Car pour Rangasamy Ramalingum, ces histoires d'Amma Tookay qui «grandit chaque année», «li fos sa». Encore une légende ?


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